Historique des opérations Explogéo
Introduction - Localisation et conditions climatiques
Les premières reconnaissances dans le Tafilalet - secteur de Taouz
Avril 2001 :
Aucune opération n’avaient encore été menée par Explogéo dans cette région Saharienne. (Extrait du journal de L. Masselin avril 2001)
« […] D’importantes gorges entaillées dans un immense plateau crétacé dans le Sahara Marocain…voilà de quoi attiser ma curiosité … C’est l’hamada de Kem-Kem creusé par l’oued Daoura […] »
En effet, cet immense plateau calcaire devait présenter des cavités et autres abris-sous-roche peut-être susceptibles d’abriter des vestiges archéologiques et surtout préhistoriques. Mais…
« […] une fois sur place et loin de l’imaginaire cartographique, on est vite confronté au floue provoqué par une frontière incertaine entre l’Algérie et le Maroc. Frontière non vraiment défini mais marqué par la présence de militaires-gardes-frontières s’observant mutuellement. Fortement dissuadé par les autorités locales, d’explorer « le grand canyon de l'Oued Daoura » je fus contraint de me rabattre sur une zone plus périphérique de Taouz. Peut-être le fait d’être seul, à pied et sans appuis logistique les avaient d’autant plus inquiétés ! […] »
Ce changement de "cap" à été néanmoins profitable. Cherchant de nouveaux objectifs a l'aide d'une carte plus récente, mis à disposition par les militaires de Taouz, Laurent Masselin décide d'explorer la zone au sud du massif de Bégâ. Le jour suivant, il découvre des gravures rupestres sur un bloc d'environ trois mètres cubes au pied d'un versant . En recherchant des informations, il contactera Alain Rodrigue (Préhistorien et spécialiste des sites rupestres du Maroc), qui lui confirmera que le site est inédit. Le rocher présente des gravures d’animaux schématiques et des symboles libyques anciens. D'autres secteurs furent explorés à l'ouest de Taouz notamment dans le Massif de Bou Tsardount. Il localisa le long de l'oued Ouzina un site de taille d'outils paléolithiques en place. Lors de cette reconnaissance, de nombreux compléments cartographiques ont puent être effectués, préfigurant aux nouvelles missions envisagées.
Avril 2004 :
Cette seconde mission à pour but d'atteindre la zone de l'Oued Nebech afin de localiser précisément un site de gravures rupestres vaguement indiqué sur la carte. Ce fut fait dès le premier jour de prospection : le site perché sur une parois à une bonne trentaine de mètres au dessus de l'oued, présente un nombre important de gravures récentes et anciennes. Entre autre y figure un corpus « d’animaux de la savane » avec un petit personnage muni d’un arc. L'incision est fine et figurative, le bestiaire se compose d’une ou deux girafes, d’un rhinocéros et d’une gazelle. D’autres gravures, pour certaines piquetés et d’autres d’incision plus large où l’on peu reconnaître quelques bovidés. On note de curieux « animaux » schématiques et indéfinis, peut-être mi-homme mi-bête. Enfin des graffitis peu explicites avec des écritures en arabes relativement récentes et quelques dromadaires schématisés.
La mise en place d'un programme d’exploration:
Un constat est fait, à part les trois sites connus du secteur, les données existantes sur les sites rupestres de cette région sont loin d’être exhaustives. L’analyse des données cartographiques et des images satellites permet l’étude et la mise en place de nouvelles reconnaissances. Il devient nécessaire d’élaborer un protocole pour formaliser la collectes et l’archivage des données, éviter les erreurs et les redondances. Ainsi un programme d'exploration est mis en place zone par zone afin de contribuer efficacement à un inventaire des gravures/peintures. D’autres objets pouvant avoir un rapport ou non avec les sites et absent des cartes sont également relevés. La mise en place d’un système d’information géographique permet d’associer la base de données crée avec les images géographique et de pouvoir réaliser par la suite des analyses spatiales sur les thématiques archéologiques.
Avril – Mai 2006 :
Les reconnaissances en solitaire font place à une équipe dirigée par L.Masselin, composé de L.Fazio, F.Yorgandjian, T. Nonnarath, F-M Fasbender, à laquelle se joindra ponctuellement le préhistorien A.Rodrigue. D’autres secteurs seront parcourus à l’est, au sud et à l’ouest de Taouz avec encore de nouvelles découvertes pariétales dont (fait rare) un abri sous roche peint de nombreuses figures Libyco-berbère. Les tumulus et les autres constructions (funéraires ou habitas) sont systématiquement relevés le long des itinéraires.
Avril – Mai 2007 :
Les recherches s’effectuent principalement sur la zone à l’ouest de Taouz. L’équipe est constituée pour les deux premières semaines de : Carolle Khouider (étudiante en ethnographie), Alexandre de Broca (artiste peintre), Damien Lallement (enseignant), Fabien Yorgandjan (infographiste...). La dernière semaine à été consacrée à l’exploration des environs de Jdeïd avec la présence sur deux journées d’A. Rodrigue et Werner Pichler.
Parmi les résultats nous pouvons signaler : de nouvelles inscriptions libyco-berbères, un grand nombre de tumulus relevés, cavités murées, des gravures bovidiennes, des chars antiques, des gravures à fibules, un bestiaire de quelques animaux schématiques, des tessons de céramiques (datation relative), quelques outils lithiques...
Les indices sont variés et appartiennent à différentes périodes, comme c'est généralement le cas sur les sites fréquentés par de nombreuses générations...
D’autres observations ont été menées sur des aspects écologiques et géologiques. Il s’agit en particulier de la localisation d’une cavité occupé par une colonie de chiroptères et la localisation de zones de concrétionnements calcaire sur les parois, indicateur probable d’une période plus humide (prélèvement d’échantillon pour datation)
Avril – Mai 2008 :
Participe à cette campagne : Sophie Barrez (Educatrice), François Rigord (consultant agricole), Chloé Bertrand et Erick Blanchard (ing. informaticien), Olivier Poncelet (géomaticien), Laurent Masselin (chef d’expédition)
Les reconnaissances se sont concentrées sur trois principaux secteurs :
-Le NO de Taouz a montré un ensemble assez éparpillé de gravures de type arabo-berbère avec des figurations de fibules et de personnages schématiques. Nous avons également relevé un monument funéraire protohistorique, réutilisé par l’ajout de deux sépultures islamiques.
-Le secteur SO du Djebel Talhamadat a présenté un grand nombre de gravures de type bovidé , des autruches, des animaux encore non identifiés et des symboles arabo-berbères. Nouvelle visite de l’abri peint découvert en 2006, pour y effectuer des compléments topographiques et photographiques.
-Le secteur au SE d’Ouzina : une exploration qui a révélé l’existence de gravures dans un contexte de roche calcaire, ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent dans la région. Une fresque avec des chevaux montés dont un de cavalier armé de ses lances et
accompagné de ses chiens, suivi de figurations de dromadaires (qui semblent de facture plus récente).
-Dans le secteur N. et NO de Jdeïd a été découvert un petit personnage qui s’apparente fort à un guerrier Libyque, armé de sa lance et de son bouclier. D’autres gravures de bovidés ont été également relevées.
Novembre 2010 :
Participe à cette campagne : John moulin (commerçant), Bruno Sarrade (informaticien), Florence Rivaud (encadrante de mission), Laurent Masselin (chef de mission).
Les reconnaissances se sont concentrées sur deux principaux secteurs :
-L’oued Mechot à présenté sur ses rives et dans son lit des gravures de type berbère récentes et anciennes. Des tumulus préislamiques ont également été répertoriés. Les reconnaissances de pistes effectuées dans ce secteur, permettront de faciliter les prochaines explorations.
-Le massif d’Iferd Nou Haouar, constitué d’un massif de roche primaire au sud et d’un haut massif crétacé au nord, forme une sorte d’enceinte au milieu de laquelle s’ouvre une grande plaine alluviale et colluviale. L’oued Jouijel y prend son origine et le traverse en sortant au niveau d’une gorge située au sud du massif. Son exploration à permit la découverte d’un grand nombre de gravures de la période camelines. Au nord, une sorte de canyon formé dans un grès tendre et constitué d’abris-sous-roches à révéler un ensemble de gravures de type libyque profondément entaillées, ainsi que des « grilles »dont la signification est encore indéterminée.